Le Pont flottant des rêves

 
 
 
Vietnam
 
 
 
Je me disais bien que ce coup de fil avait duré une éternité. Nous étions à Saigon.
En bas, dans la rue Truong Dinh, un vendeur de billets de loterie nous gratifiait d'une chanson de style Cai luong.
Il portait une batterie qui alimentait la guitare électrique de son musicien et son porte-voix qui rendait sa voix spatiale,
grâce à un effet d'écho réglé au maximum. En raccrochant le combiné du téléphone, Thuy m'a dit que c'était sa tante de Go Cong,
dans le delta. Cette dernière devait être heureuse de trouver une oreille neuve et attentive aux dernières nouvelles de Lêou,
la cousine de Thuy, et de sa famille. D'ailleurs, cela faisait longtemps que nous n'avions pas vu Lêou.
Nous étions restés sur l'image d'une jeune fille toute fine et pleine de vivacité, mais très instable avec ses employeurs.
Apparemment, elle avait trouvé enfin sa voie et travaillait désormais dans l'immobilier.
Un secteur en plein essor à Saigon. La ville, spéculant sur un avenir commercial radieux,
se transformait de partout, se tournant désormais vers l'avenir. Le prix du mètre carré s'envolait
sans se soucier des petits métiers de rues et des mendiants attachés à leur territoire.
Lêou venait d'acheter une Attila. C'était une des dernières motos arrivées sur le marché et ces bolides donnaient l'impression
d'enfourcher le futur par leur avant en forme de Boeing, les ailes en moins, bien sûr, mais des clignotants partout.
Elle n'en avait pas encore parlé autour d'elle, craignant des réactions de jalousie....
 
 
 
 
 

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